Einaqoé étonne et surprend durant sa résidence à l'atelier Méraki. Le son s'y fait lumière et geste, la musique (re)devient corporelle et son existence prend une nouvelle forme, à l'intersection de ces trois dimensions, dirigée par ses jeux de lasers.

Dans une ambiance feutrée et intimiste, le spectateur est invité à une rencontre singulière. Einaqoé, l'être sonore, possède déjà une vie propre. Incarné par un module noir d'où émane un quatuor de lasers animés et réactifs surplombé d'un visuel généré en 3 dimensions, il peuple aussi bien l'espace par sa substance première, sonore, que par les corrélâts visuels et spatiaux qui en émanent. Calme au premier abord, il passe peu à peu d'une phase de repos à une phase d’excitation au travers de l’interaction progressive avec le spect-acteur, qui qui se familiarise avec lui en vivant l’expérience d’un jeu en tandem. C'est au travers de cette interaction qu'il pourra découvrir une à une les multiples facettes cet l'être sonore.

C'est dans le cadre de l'exposition "72H en résidence - Perception & Abstraction" organisée par Kino Kino à l'Atelier Meraki (Marché Popincourt, 10ème arr. Paris) que le collectif Ascidiacea a eu l'occasion de présenter la première itération du projet Einaqoé. Au delà de l'aspect parfois onirique de l'expérience proposée, les créations interactives du collectif visent à faire découvrir au spect-acteur la richesse sonore de l'environnement dans lequel il baigne quotidiennement, l'invitant à explorer activement ce milieu acoustique au travers de son inscription dans un espace tridimensionnel. Les rayons laser, protubérances sensibles de l'être sonore rendues tangibles par l'ajout d'une légère brume, permettent de moduler finement les contours acoustiques de ce personnage, qui influencent en retour les scintillements du laser. Ce double renforcement de la boucle action-perception pourrait conduire, selon nos hypothèses, à une amplification du processus d'apprentissage perceptif. L'objectif final, et le plus ambitieux, consiste donc à donner les clés au spect-acteur pour développer le potentiel de ses capacités perceptives et ainsi lui permettre de mieux saisir, percevoir, interpréter et donc exploiter la richesse du monde sonore qui s'ouvre à lui.

Images : Chloé Sharrock