In Machinocene présente le décor d’une humanité à la fois tournée vers son passé et envisageant le futur de ses actions présentes. Mais la fable morale s’arrête là, et nous préférons laisser à l’espace de cette installation une possibilité plus ludique et poétique que rigoureusement éthique, tentant de dessiner les contours des formes de vie que feront naître nos avenirs communs.

Dans un dédale de matériaux métalliques, de composants informatiques et au milieu d’une poussière électronique et numérique qui envahit la terre au tournant de ce siècle, les spectateurs de l’installation font les premiers pas d’un retour de l’homme sur ses propres traces. Le milieu qu’ils observent garde en mémoire les marques de leur présence passée : production industrielle massive d’objets en tout genre, aveuglement écologique tiré jusqu’au dernier souffle de l’humanité et méconnaissance des formes de vie émergente à ses côtés… La Machinocene porte à nos consciences l’inéluctable résultat d’une reprise de ses droits par la nature au travers des conditions technologiques et matérielles que nous lui avons jadis imposées. Le numérique s’est mué d’outil de nos humanités en une nouvelle forme d’organisation autonome, répondant de ses propres codes et d'un développement désormais indépendant de notre influence.

En poussant la porte d’un lieu abandonné au milieu de SmallCity, ville d’atterrissage du convoi de spectateurs humains, vous serez les témoins du premier souffle digital de cette nature réanimé, au-delà de nos besoins, par-delà nos attentes. Faisant face au déchirement catastrophique du tissu de nos mondes ordinaires, la nature est toujours capable de surprendre nos propres expériences et l’horizon de nos prévisions. Peut-être accepterait-elle tout de même que l’on s’y frotte à nouveau. En totale immersion, nous découvrirons l’énergie de nos présences à ses côtés, et les nouveaux moyens d’interagir avec elle.

Merci à Hashka pour les prises de vues et le montage visuel.