A l'occasion de la Nuit Blanche, invité par le Musée National des Arts Asiatiques - Guimet, Ascidiacea présenta le résultat de ses recherches au sein des collections visuels et audio du musée effectuées durant l'été et du développement de sa sculpture anamorphique, pièce maîtresse de l'installation nocturne.
Le mapping architectural du jardin japonais récemment réouvert ainsi que le parcours spatial et temporel dans un labyrinthe mouvant fait de sons et d'images - se déployant grâce à la collaboration des individus dans l'installation - ont pu ravir les près de 800 personnes venues assister à l'ouverture exceptionnelle de l'oeuvre pour une nuit unique ainsi qu'aux deux performances "Terra" du compositeur Jacopo Baboni Schilingi et de la danseuse Fanny Gombert.
Au centre de ce jardin et du parcours d'immersion, la sculpture Sonöns agissait dans la nuit comme le récipient des flux d'énergies collectives déployées par les utilisateurs, devenus danseurs pour un instant, de l'installation. Au terme d'une série d'efforts coordonnés et d'une attention conjointe à l'émergence des nappes visuelles rampantes sur le pavé du jardin, l'éclairage animé de la sculpture fit office d'appel pour que les participants et le public alentours se rejoignent dans l'observation de l'ultime séquence audiovisuelle, présentée dans le corps évasé de la sculpture. Un moment d'intensification du temps et de réunion solennelle devant le spectacle des images naissantes.
Un jaillissement lent et profond, venant du coeur et des bords de l'auréole visuelle, illustrait le travail de mise-en-scène, de réécriture et de réimagination narrative produit autour des collections multiculturelles du MNAAG. Kaléidoscopes et autres formes fractales ou glitch transformaient les visages, les corps, symboles et lettres qui habitent le musée. Le climax de la parade des images, qui signait la fin du rituel au travers de cette réunion du public ensemble et sur lui-même, fut conduit par la lithurgie animée et spatialisée. Elle se concluait, pour chacune des 10 séquences terminales, sur une apogée de la circulation des sons dans la parabole elle-même, convertie en une enceinte géante et aérienne grâce aux transducteurs collés à la paroie. Vibrante.
Une formidable expérience pour Ascidiacea, allant à la rencontre d'un public toujours plus varié et nombreux et proposant aux institutions culturelles des méthodes de valorisation et d'expérimentation hors-cadre, permettant la création de nouveaux dispositifs de médiation de leurs oeuvres et d'intégrer à leur mission de conservation du patrimoine une dimension créative, tournée vers le travail de jeunes artistes. Nous sommes pour cela infiniment reconnaissant au MNAAG de leur confiance, de leur accompagnement et de leur soutien dans l'ensemble de ce processus et pour l'organisation d'un tel événement à l'occasion de la Nuit Blanche parisienne, momentum hors norme de la rencontre des arts et de tous les publics.